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L’espace, le temps et au-delà : des nouvelles de SF, du sexe, un fond libertaire, de l’inventivité et un style très personnel

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

l'espace et le tempsPar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Après L’amour, la mort et le reste, paru aux Éditions Malpertuis et qui faisait la part belle aux textes fantastiques, voici L’espace, le temps et au-delà du devenu incontournable Bruno Pochesci. Pourquoi incontournable ? Parce que le bougre publie plus vite que son ombre ces dernières années et surtout parce qu’il a su imposer un style et un univers très personnel, reconnaissables au premier regard. N’est-ce pas là la marque des grands ? On adore son écriture souvent flamboyante, sa façon de tordre la langue pour mieux s’en servir, ses inventions grammaticales et syntaxiques jamais gratuites, mais qui apportent cette touche singulière qui explose les cadres. On aime aussi son côté libertaire, anarchiste, qui se moque du correct, du bien-pensant et du conformisme, avec jubilation. On aime ses convictions, sa défense affirmée de valeurs humanistes. Dans ce recueil, on aime moins l’omniprésence du sexe, qui prend le pas, à notre sens, sur les histoires et le fond. Nous conseillons de ne pas lire le livre d’une traite, sans doute l’effet de répétition et de saturation se fera-t-il moins sentir. Comme dit le proverbe, trop de… tue le… Ne passez pourtant pas à côté de cet auteur talentueux, dont les nouvelles plus récentes montrent qu’il a encore – beaucoup – de choses à exprimer. Et formidablement bien. Virtuose présente avec férocité un futur où lorsque les gouvernements prennent enfin conscience du réchauffement climatique, leur action est particulièrement brutale. Un texte dur, émaillé de bons mots qui allègent l’atmosphère et se termine sur une note (presque) optimiste ! La fille des vents évoque la crise des réfugiés, en inversant les points de vue. Une chouette idée, sans doute traitée trop rapidement et perdue dans une histoire de sexe. Huis clos pour huit clones avait tout pour nous plaire : des clones de personnages célèbres au caractère souvent aux antipodes de ce que l’on en connaît, se réveillent dans un univers étrange. Mais, tiens ? Encore du sexe au programme, qui prend le pas sur le reste. La fin est intéressante. Je t’y autorise est un texte à la tonalité plus nostalgique, en particulier la chute. Dans ce monde où les gens sont très (trop ?) polis, n’y a t-il pas quelque chose qui tourne en rond ? On sent les influences-hommages aux thèmes classiques de la SF, le tout servi à la sauce Pochesci, qui s’amuse à détourner, contourner et retourner les normes ! Dix petits warps, en forme d’hommage au policier, est une nouvelle assez longue, à la chute savoureuse ! Avec Du rififi dans la ceinture de Kuiper, inutile de se prendre au sérieux. Ça expose une théorie parfaitement fumeuse sur le système solaire, mais totalement drôle. Aslexia maxima propose une fin du monde d’une grande originalité, d’une simplicité qui fait froid dans le dos et avec une tonalité douce-amère séduisante. Le moins pire des mondes joue la carte d’une invention qui bouleverse à tout jamais la vie humaine, le pouvoir de l’amour au service de la paix. On y retrouve l’humour potache, la tendresse et finalement l’optimisme d’un auteur à la palette très vaste. On trouve également des nouvelles où le stupre et la fornication dominent (Le dernier drink, Entrée-plat-dessert), des textes scientifico-fictionnesques (La porte, la pendule et le perce-Temps, une histoire de voyage dans le temps pleine de verve et de bouffonnerie, ou bien La gare de Perpignan, une course contre la montre avant l’effondrement de l’univers ou encore Le syndrome islandais, qui dynamite les empêcheurs de vivre tranquilles). Inégal, sans doute, peut-être pas le meilleur de Bruno Pochesci, mais une bonne introduction à son Å“uvre !

L’espace, le temps et au-delà 
Recueil de nouvelles
Auteur : Bruno Pochesci
Éditions : Flatland
Parution : 1er novembre 2019
Prix : 16 €


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