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Florent Oiseau : un jeune talent perfectible

Je vais m'y mettrePar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Toujours se méfier des 4e de couverture. Voici ce qu’on peut lire à celle de « Je vais m’y mettre », premier roman de Florent Oiseau : « Fred, la petite quarantaine, surfe sur l’écume des jours. Après des années à enchaîner jobs alimentaires et périodes de chômage, il a renoncé à faire carrière. Il passe désormais ses journées à dormir, manger des Knacki devant les émissions de Sophie Davant et boire des demis au bistrot du coin en attendant l’amour. Jusqu’au moment où il découvre qu’il arrive en fin de droits, et que ses maigres allocations disparaîtront bientôt. Il n’a plus le choix : il doit s’y mettre. Un emploi salarié ? Il n’en trouvera pas. Mais des ennuis, oui. Fred, par paresse ou naïveté, a une fâcheuse tendance à se laisser glisser dans les embrouilles… ».

C’est alléchant et effectivement les quarante premières pages sont excellentes. Il y a même du Bukowski et du Fante dans ces lignes. On s’attache et on se marre en lisant les galères de Fred inadapté à la vie dite normale, que ce soit pour trouver et garder un travail, ou avoir un semblant de vie sexuelle. Florent Oiseau a le sens de la formule et son style coule bien, avec rythme. L’auteur tenait là un sujet en or : son héros était à rebours du modèle idéal qui veut qu’on ait tous une sexualité débordante et un métier épanouissant. Sauf que Fred boit et qu’il n’aime pas ça : travailler, se lever tôt le matin, participer à la Comédie Humaine. Et c’était drôle, ça sonnait juste, mais ça s’enlise. Il ne tient pas ses promesses sur la longueur, ou alors ça aurait pu faire une excellente nouvelle. Comme si l’éditeur lui avait demandé d’ajouter des rebondissements. Car on perd le fil et le sujet. De Paris, il part à Malaga dans une balade sans but qui se veut drolatique avec des filles de petite vertu, entre autres. Alors qu’il aurait fallu rester en compagnie de ce personnage aussi attachant que désabusé. En effet, derrière les éclats de rire, se dessinait le devenir d’une génération précaire, complètement à la ramasse, sans projet d’avenir… radieux. Une génération blasée qui ne croit plus en grand-chose. Florent Oiseau n’a que 25 ans. Il a été pompiste, chômeur, barman, plongeur, réceptionniste de nuit, ouvrier dans une usine de pain de mie, crêpier, et couchettiste sur le Paris-Venise, nous dit-on. Un CV à l’américaine. Il est aujourd’hui surveillant dans un lycée de la banlieue parisienne. Ça refroidit un peu… Il devrait continuer à écrire car il a un don : celui d’être drôle. Et ça, ça ne s’apprend pas. Comme le punch en boxe, on l’a ou on ne l’a pas.

Je vais m’y mettre, de Florent Oiseau, 230 p, 17,90 €, Allary Editions.

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