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La kippa bleue : Le jour où Sasha décida de ne plus aller à la « syna »...

la kippa bleuePar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Ce roman aurait pu s'appeler Dans les cheveux de Carla, tant Sasha, le jeune homme qui ne veut plus porter la kippa semble amoureux d'elle. La kippa bleue, premier roman de David Allouche, économiste et conférencier, raconte l'histoire d'un fils étouffé par son père qui décide de lui annoncer, le jour de Kippour, qu'il ne croit plus en Dieu : « L'homme est seul au monde et il faut qu'il se débrouille tout seul. L'homme a inventé Dieu, mais Dieu n'existe pas ! Il n'existe pas, tu entends ? (...) Et le sacrifice d'Isaac, papa ! Tu trouves ça beau, un père, Abraham, prêt à sacrifier son fils ? C'est comme ça que tu vois les choses entre toi et moi ? ». Il pourrait ajouter qu'il dit cela parce qu'il sait que Dieu croit en lui, car il a de l'humour. Et surtout de l'amour à donner aux femmes, à « la » femme qu'il désire à ce moment-là.

Ce court récit, que l'on dirait écrit par un ado, prend parfois des accents à la Philippe Roth, version Portnoy et son complexe, voire Salinger (L'attrape-cœur). Car il s'agit d'une déambulation, entre Paris et Marseille, en passant par Vincennes (et l'hyper casher) d'un jeune mâle qui a des besoins, comme on dit. Sasha est impétueux, fougueux et romantique et il entend conquérir son autonomie intellectuelle et affective. En réalité sa liberté. Généralement, on évoque plutôt des mères juives étouffantes. Ici, il s'agit d'un père omniprésent et qui a des arguments. Mais Carla devient sa muse. Elle qui représente justement la liberté, la légèreté. Sasha en a assez de prier, prier, prier sans cesse. A la « sina » (gogue), il préfère regarder les filles, au premier étage, que d'écouter le rabbin. Il ne veut plus « monter à la Torah » mais monter Carla... Car il la trouve supérieure ! Elle est athée. Mais s'intéresse à l'indouisme depuis son voyage en Inde. La femme est l'avenir de l'homme, c'est bien connu.

Sous ses faux airs naïfs, David Allouche fait passer quelques messages en douceur, et avec humour, amour, sur la question du repli identitaire. Il nous invite au cheminement intérieur (pour ne pas dire « développement personnel ») et à l'émancipation : « Deviens qui tu es et tu seras heureux » est son credo. Evidemment, pour ça il faut un peu de courage. Prendre des risques. Etre audacieux. S'affranchir de ses croyances, inculquées depuis la naissance. Bref, penser par soi-même. La voie toute tracée manque de surprise. Et il y en a une, de surprise, à la fin du livre, qui ne manque pas de piquant. Pour un coup d'essai, ce roman est à lire comme un conte moderne. On attend maintenant David Allouche sur plus de longueur et d'épaisseur.

La kippa bleue
Editions : Eyrolles
Auteur : David Allouche
166 pages
Prix : 14 €

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