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Transport : on ne s’échappe pas de l’enfer... !

TransportPar Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ « Je sais maintenant qu’on ne reviendra pas, il faudrait un miracle pour retourner là-bas, se réveiller du cauchemar, l’indicible se rapproche, nous avons été projetés dans un autre monde, fait de nuit de soif et de froid, on ne saura plus rien de nous, ». L’homme dans un wagon qui conduit des dizaines de déportés vers un camp de concentration et d’extermination raconte ; le noir, l’empilement des corps, l’exténuation ; les paroles futiles, inutiles, bestiales; l’estomac affamé, assoiffé; l’odeur des vomissures, de la merde; l’effroi, l’oppression, l’épouvante. Le récit est sordide, innommable, hideux…le processus de déshumanisation, de bestialité de ces femmes, de ces enfants, de ces hommes est engagé.

Mais dans la noirceur de cette prison roulante de bois et d’acier, les paupières closes, on rêve, on se remémore la vie "de printemps, de rivière, d’oiseaux, de fiançailles, de baisers"…pour repousser l’indicible, l’horrible, la mort inéluctable.
Ensuite, la « Femme Rousse » psalmodie un cantique à celui qu’elle a aimé, qu’elle aime ; « Sors moi de cet enfer, aide-moi, souviens-toi mon amour ». A travers cet antienne, elle sublime sa passion amoureuse, se transporte au-delà de ce wagon, dans un délire frénétique de sensualité, de volonté de survivre.
Yves Flank entraîne le lecteur dans un tourbillon d’inénarrable, d’horreur, d’émotions, d’inhumain ; « Transport » est aussi un hommage à ses grands-mères juives disparues, et une ode à la vie, à l’amour, qui affronte le néant, la mort annoncée; Eros et Thanatos se combattent sans merci pour une issue inévitable. Un premier roman comme un cri, à l’écriture poétique et troublante, emplie d’angoisse et de sincérité.

Transport
Auteur : Yves Flank
Editions : L’antilope
Parution : 24 août 2017
Prix : 15€

 

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