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L’onyx rose : Brigitte Fontaine, décollage immédiat

Brigitte FontainePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Les maîtres joaillers sont catégoriques : l’onyx est souvent rayé noir et blanc, mais parfois totalement noir. Mais voilà, quand on va gambader dans les territoires de Brigitte Fontaine, alors l’onyx est rose ! Et ça inspire follement, furieusement la chanteuse- écrivaine qui titre son nouveau roman « L’onyx rose »… Avec cette femme de 78 ans, c’est encore et toujours panique à tous les étages, on se répète : « c’est comment qu’on freine », on fredonne depuis près de cinquante ans « Cet enfant que je t’avais fait »- une chanson cultissime en duo avec Jacques Higelin… Née Bretonne (à Morlaix), citoyenne du cap Fréhel et résidente éternelle en l’île Saint-Louis à Paris, Brigitte Fontaine s’est autoproclamée « reine des Kékés », la reine du Kékéland, ce royaume qu’elle a créé de toutes pièces. Sur scène, « LA » Fontaine, c’est l’assurance d’un show déjanté, extracosmique. L’irrévérence au pouvoir. L’inspiration du décalage, de l’équilibrisme…

Et puis, il y a l’autre Brigitte Fontaine. En fait, plus exactement, la même Brigitte Fontaine- peut-être un peu moins connue en tant qu’écrivaine, et c’est là bien dommage. Il faut courir en librairie, acheter tous les ouvrages de notre Reine préférée, de notre Reine adulée. Il faut lire « L’onyx rose », encore une magie littéraire. Un texte débordant d’imagination, un roman empli de folie et d’amour. Un récit de voyages. L’Espagne, Paris,… et un avion piloté par Serge Gainsbourg qui annonce : « Nous allons au Vietnam, c’est l’orchidée sauvage la plus pure, la plus héroïque et tu peux pas savoir, mec, il y a des meufs, tu peux pas savoir. Alors, y a du scotch dans la boîte de sauvetage et des Anglaises, t’as qu’à taper d’dedans ». Le héros, c’est Ignatio, il est Espagnol, torero- plus exactement matador… il va rencontrer, hasard ensorcelant, une belle, elle se prénomme Betzabé- dans une lettre écrite, il la présente à sa mère : « J’ai épousé une belle musulmane que j’aime et j’ai donc dû auparavant devenir musulman. Je compte pouvoir venir bientôt te voir et te présenter mon épouse. Je suis certain que vous vous plairez beaucoup et ne t’inquiète pas elle n’est pas voilée ni rien, elle dit que ce n’est pas ça et que Dieu est le seul grand ». 

Raconter, résumer un roman de Brigitte Fontaine tient non pas de l’exploit (qui peut toujours être réalisé) mais bien de la gageure. Récemment décorée de la Légion d’Honneur par l’ex-Président de la République François Hollande sur la veste duquel elle a épinglé un pin’s de… l’éléphant en costume vert Babar (!!!), elle navigue dans des contrées où l’on croise des surréalistes, des dadaïstes, des farceurs réunis en club. « L’onyx rose » rappelle également que l’écriture de Brigitte Fontaine est furieusement moderne, terriblement contemporaine. Présentant son nouveau roman, elle en a profité pour dresser en mots son portrait : « …la lumpen B.C.B.G. de la littérature, la lanterne rouge du Tour de France et d’ailleurs, le serpent noir luisant ressuscité des morts, (…) chantre et écrivain, pas vaine, tragicomique, le poison de vie, le pouët-pouët qui se la pète… » D’une fréquentation de Brigitte Fontaine, on ne sort jamais indemne. Avec « L’onyx rose », un texte étourdissant, un roman éblouissant, c’est encore le cas... Et c’est un bonheur immense pour un décollage immédiat. Attachez vos ceintures, de sérieuses turbulences sont annoncées !

L’onyx rose
Auteur : Brigitte Fontaine
Editions : Flammarion
Parution : 1er novembre 2017
Prix : 18 €

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