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Catherine Millet : condition féminine, plaisir, désir…

milletPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Elle est, depuis toujours, directrice d’un magazine hyperpointu, spécialisé dans l’art contemporain, titré « artpress ». Catherine Millet, 69 ans, est aussi romancière et essayiste- parmi ses titres de gloire, « La vie sexuelle de Catherine M. », best-seller paru en 2001 et vendu à ce jour à 2 millions d’exemplaires, ou encore le très beau Jour de souffrance (2008). Un jour, on lui commande un long article de presse sur le Britannique David Herbert Lawrence (1885- 1930), auteur entre autres de « L’Amant de Lady Chatterley ». Pendant deux années pleines, Catherine Millet se plonge dans l’œuvre toute entière de Lawrence, lit, annote, pointe « Le Serpent à plumes »- avant-dernier livre écrit par le Britannique : « Comme il arrive souvent dans les histoires d’amour, je n’aimai d’abord pas. Je prétextais d’un style qui n’était pas mon genre, désordonné, répétitif comme cela a été beaucoup reproché à l’auteur. Il est bien possible que la vraie raison ait été que je voulais me dérober à une question, une évidence : qu’est-ce que Catherine M. avait à dire de Constance Chatterley ? On n’aime pas répondre aux évidences »…

Et Catherine Millet a persévéré. A plongé dans l’œuvre de l’auteur britannique. A écrit « Aimer Lawrence », texte de près de 300 pages en quatre parties : « L’Australie », « Mes ‘’femmes’’ », « Ce que veulent les femmes » et « Diamant noir ». A la lecture de cet Aimer Lawrence, on ne peut qu’admettre qu’il y avait évidence pour cette rencontre de Catherine Millet avec D.H. Lawrence- d’un côté, l’auteure du « livre le plus explicite à propos du sexe jamais écrit par une femme » (comme le souligna le romancier et critique américain Edmund White) ; de l’autre, un écrivain qui fit frissonner des générations de lecteurs en racontant le plaisir au féminin… Juste avant la sortie de son « Aimer Lawrence », dans un entretien, la Française confiait : « Ce qui est certain, c’est qu’il y a chez lui des pages qui racontent exactement ce que j’avais voulu explorer en écrivant mon livre. Je suis jalouse de la façon extraordinairement précise dont il décrit, par exemple, l’orgasme féminin ! Mais j’ai lu son roman très tard, après la sortie de mon livre. Si cela n’avait pas été le cas, j’aurais raconté « La vie sexuelle… » avec beaucoup moins… d’innocence ».

Dans un texte brillant, érudit et limpide, Catherine Millet pose les questions, propose des réponses aux grandes questions. Sa méthode : plonger dans l’œuvre de D.H. Lawrence, en relever les grands thèmes puis les confronter à sa vie et ses expériences personnelles. Tout y est posé, dans les textes du Britannique dans les années 1920. Où en était-on alors du sexe au féminin ? et du désir, et de la liberté, de la libération ? Où en est-on aujourd’hui, au siècle du sexe 2.0 ? Catherine Millet a croisé la route de Lady Chatterley ; mieux : elle avoue être tombée amoureuse de son créateur, ce D.H. Lawrence « à cause de sa figure de mauvais coucheur, à cause de l’extraordinaire sensibilité de son « écriture androgyne » dont parlait Anaïs Nin ». Un auteur qui vécut entouré de femmes libres, lui si classique et quasi-conservateur dans ses idées et son rapport à la vie. Et qu’on se le dise : « Aimer Lawrence », c’est le livre parfait sur le plaisir, le désir, le féminisme d’hier, sur le féminisme d’aujourd’hui…

Aimer Lawrence
Auteur : Catherine Millet
Editions : Flammarion
Parution : 20 septembre 2017
Prix : 21 €

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