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Guillaume Musso : le champion du « feel good book »

  • Écrit par : Serge Bressan

AppartementPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Ça commence par une citation d’Albert Camus : « Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’iol y avait en moi un été invincible Â».

On poursuit par l’ouverture du roman : « Tu ne le sais pas encore mais dans moins de trois minutes tu vas affronter l’une des épreuves les plus pénibles de ton existence. Une épreuve que tu n’as pas vue venir mais qui va te marquer aussi douloureusement qu’une brûlure au fer rouge sur une peau tendre Â». Et puis, les personnages d’ « Un appartement à Paris Â»- le 14ème roman de Guillaume Musso : d’abord, Madeline, ex-fliquette et ex-fleuriste. Elle débarque de Londres- on l’a déjà croisée dans « L’Appel de l’ange Â» (paru en 2011), elle a loué l’appartement de l’artiste peintre Sean Lorenz, star de la scène artistique new yorkaise et mort il y a peu. Elle est vient là pour se reposer,  pour s’isoler. Ensuite, Gaspard Coutances, un Américain auteur de théâtre et misanthrope. Lui, il a loué ce même appartement, ce même atelier d’artiste parce qu’il veut écrire en paix. Les deux se retrouvent face à face. Conséquence de cette méprise du hasard- et de l’informatique : la cohabitation risque de vraiment mal se passer… Premier rebondissement : les deux partagent leur fascination pour le génie du peintre et apprennent que, anéanti par la mort de son fils Julian assassiné devant sa mère, il est mort depuis un an déjà… Nouveau rebondissement : Madeline et Gaspard découvrent qu’il existe trois tableaux du maître. Trois tableaux qui ont disparu. Alors, ils oublient leurs différends et se lancent dans une (en)quête qui va les mener jusqu’en Amérique. Un périple qui, à jamais, va changer leur vie… On est bien chez Guillaume Musso, 43 ans, un livre par an depuis « Et après… Â» en 2004, auteur le plus vendu en France depuis 2010, 28 millions d’exemplaires vendus dans le monde, traduit dans 40 langues… et 400 000 lecteurs le suivent sur les réseaux sociaux. 

Une fois encore, Guillaume Musso fait preuve d’une grande maîtrise dans la gestion d’une histoire. L’auteur d’« Un appartement à Paris Â» rappelle, là, qu’il est l’un des meilleurs « story tellers Â», l’un des meilleurs raconteurs d’histoire du monde du livre français du moment. Il sait aussi détourner les codes : ainsi, au début d’« Un appartement à Paris Â», le lecteur est emporté dans une comédie romantique- du moins, en a-t-on l’impression et soudain, ça déraille. « Ce qui semble être un scénario de comédie romantique va très vite glisser dans une enquête assez tragique. J’avais cette envie de détourner les codes, de toujours surprendre le lecteur Â», avoue l’auteur. Et puis, dans ce quatorzième et nouveau roman, l’auteur (s’)offre une réflexion sur l’art contemporain, « un mensonge qui dit la vérité Â». Pour « Un appartement à Paris Â», Guillaume Musso a rencontré de nombreux s galeristes et artistes et beaucoup lu sur le sujet. « À un moment, j’ai eu cette envie d’écrire sur la création, confie-t-il. J’ai toujours été passionné par l’acte créatif, et surtout par le carburant qu’il faut pour arriver à créer, et où les artistes puisent ce carburant. C’est assez singulier parce que souvent, pour créer, il faut détruire... Â» Enfin, l’enthousiasme de l’écriture est encore et toujours perceptible dans les mots de Guillaume Musso qui, volontiers, admet que « ce n’est jamais facile, après quatorze livres, de continuer à surprendre, de continuer à susciter de l’engouement et de la curiosité de la part des lecteurs Â». 

Mais à la lecture, apparaissent de nombreuses faiblesses d’écriture, plus exactement de style. C’est vrai qu’en lisant un roman de Guillaume Musso, on n’a jamais espéré, jamais attendu une démonstration stylistique. D’ailleurs, le romancier rappelle souvent : « Je suis content d’être un raconteur d’histoire, je ne me pose pas la question d’être un grand écrivain. Je ne quête pas une quelconque légitimité. Je suis traduit dans 40 langues et c’est formidable ! Â» Oui, quel que soit le genre abordé (ici le polar, dans les romans précédents le thriller ou encore la romance), Guillaume Musso écrit des « feel good books Â», des « livres qui font du bien Â» et qui se terminent de façon positive et lumineuse. Alors, dans « Un appartement à Paris Â», on a aussi droit aux passages « difficiles Â» (avec des personnages « cabossés, ils ont souffert, mais le chemin les a quand même menés vers la lumière Â», précise le romancier) destinés à provoquer l’émotion. Ce n’est pas en soi un gros défaut sauf que, chez Musso, ces passages sont très, trop souvent téléphonés… 

Pour « Un appartement à Paris Â», Guillaume Musso a changé de décor (la capitale française) et de genre (le polar). Ça démarre comme une comédie romantique, ça tourne vite en enquête artistico-policière. L’histoire est allègrement menée, Musso assure l’essentiel avec un « feel good book Â». Un livre qui fait du bien… même s’il n’est pas indispensable.

Un appartement à Paris

Auteur : Guillaume Musso
Editions : XO Editions
Parution : 30 mars 2017
Prix : 21,90 euros

 

 


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