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« L’enfant et l’oiseau » de Durian Sukegawa : une rencontre inoubliable…

  • Écrit par : Serge Bressan

Albin michelPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Bien sûr, la littérature japonaise contemporaine brille de mille feux par sa star Haruki Murakami. Mais on ne peut pas, on ne doit pas ignorer Durian Sukegawa. Né à Tokyo, il est à 57 ans l’écrivain de la délicatesse. L’écrivain qu’on a applaudi pour ses deux premiers romans, « Les Délices de Tokyo » (adapté au cinéma par Naomi Kawase) et « Le Rêve de Ryôsuke », et qu’on retrouve pour son troisième et nouveau texte, « L’enfant et l’oiseau ». Une fois encore, la magie opère. Sukegawa est un magicien des mots, de l’émotion. Un maître de mener un conte- tout en symbolique sur le passage à l’âge adulte.

Avec « L’enfant et l’oiseau », on découvre Ritsuko, elle est femme de ménage et mère célibataire. Rentrant du travail, elle trouve un petit corbeau tombé du nid, il est le seul survivant de la fratrie. Elle le prend, le ramène chez elle dans cet immeuble où les animaux sont interdits. Qu’importe ! Mieux : son fils adolescent Yôchi aime les animaux- et va se passionner pour le bébé corbeau, le soigner. Malheureusement, un jour, le gardien de l’immeuble se pointe chez Yôchi et sa mère. Le corbeau, que l’adolescent a caché sur le balcon et qu’il a baptisé Johnson (comme la marque des pansements qu’il a utilisés pour le soigner), s’envole. Début d’une autre vie, faite de la fondation d’une famille et d’errances dans une ville hostile. On lit : « Les corbeaux étaient considérés comme des nuisibles, dans cette ville. Chaque année, la municipalité allouait un budget à la lutte contre ces oiseaux, dont elle exterminait le plus grand nombre possible dans la limite de ses moyens. Les nids étaient eux aussi concernés, car les corbeaux n’en construisaient que pour se reproduire. La destruction des nids et des oisillons constituait le premier pas vers leur extermination. Un bon nombre d’habitants soutenait cette politique de lutte contre les corvidés… »
Après avoir été scénariste, Durian Sukegawa a créé en 1990 la Société des Poètes qui Hurlent avec lecture de poèmes et musique punk rock puis animé une émission nocturne à la radio. Aujourd’hui, il se consacre à l’écriture. Et comme avec ses deux précédents romans, avec « L’enfant et l’oiseau », il met en scène une inoubliable rencontre- pour les personnages et aussi pour les lecteurs. Ecrivain de la délicatesse, le romancier japonais se fait là, dans ces pages, défenseur et protecteur des animaux. Chantre de la cause animale. Sukegawa a tricoté un roman triste, cruel et follement émouvant sans jamais être niais. Parce qu’il écrit simplement, parce qu’il sait imprimer un rythme tendu et qu’il fait alterner les points de vue de la mère, de l’adolescent et du corbeau. Parce qu’il sait mettre en scène un final tout aussi étourdissant que majestueux.

L’enfant et l’oiseau
Auteur : Durian Sukegawa
Traduit par Myriam Dartois-Ako
Editions : Albin Michel
Parution : 2 mai 2019
Prix : 18 €

[bt_quote style="default" width="0"]Les corbeaux étaient considérés comme des nuisibles, dans cette ville. Chaque année, la municipalité allouait un budget à la lutte contre ces oiseaux, dont elle exterminait le plus grand nombre possible dans la limite de ses moyens. Les nids étaient eux aussi concernés, car les corbeaux n’en construisaient que pour se reproduire. La destruction des nids et des oisillons constituait le premier pas vers leur extermination. Un bon nombre d’habitants soutenait cette politique de lutte contre les corvidés.[/bt_quote]

 


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