Logo

Erica Jong : libre penseuse, toujours…

Erica JongPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Depuis tant et tant d’années, on la dit « libre penseuse ». Son seul nom, comme ceux de Susan Sontag ou de Germaine Greer, fait partie de l’histoire du féminisme. A 31 ans, Erica Jong publiait un texte aussi dynamiteur qu’essentiel : « Le Complexe d’Icare » (en VO : « Fear of Flying ») dont le but, affirmait-elle alors, était d’« ouvrir le cerveau d'une femme et montrer ce qu'il y a dedans ». A près de 75 ans, elle est toujours là- vive, en alerte permanente ; toujours là en librairies avec son nouvel et neuvième roman, « Le Complexe d’Ḗos » (en VO : « Fear of Dying »). Avant de plonger dans le nouveau roman de l’Américaine, on rappelle qui fut Ḗos : dans la mythologie grecque, fille des Titans Hypérion et Théia et sœur d’Hélios (le Soleil) et de Séléné (la Lune), elle fut surprise par Aphrodite dans le lit avec Arès. Aphrodite la condamna alors à de continuelles amours avec de jeunes humains et bien que mariée à Astréos, Ḗos en secret séduisait et enlevait des jeunes gens, les uns après les autres…
A la sortie du « Complexe d’Ḗos », Woody Allen y est allé de son commentaire : « La façon dont Erica Jong se débrouille avec toutes ces situations délicates est époustouflante. En plus, elle réussit à être drôle ! J'ai adoré ce livre ». Au même moment, Erica Jong a assuré : « Il existe tant de manières de faire l’amour… » Une précision préliminaire s’impose : avec Erica Jong, on est à mille lieues des glauqueries version « Cinquante nuances de Grey » d’E.L. James. Avec Erica Jong, le propos peut être cru, il ne sera jamais vulgaire. Elle le prouve une nouvelle fois en quittant Isadora Wing, l’héroïne du « Complexe d’Icare » (ce livre que Henry Miller tenait pour « ‘’Tropique du cancer’’ au féminin »), pour conter cette fois l’histoire de Vanessa Wonderman, femme dans la soixantaine. La question est posée : comment vivre l'amour lorsque, avec l'âge, le désir change ? Et Vanessa, de passer ses journées entre l’hôpital où l’on soigne son mari victime d’un AVC, la maison familiale avec  ses parents qui filent lentement mais sûrement vers l’issue finale et la maternité où sa fille va mettre au monde son premier enfant…
Dans ce tourbillon, Vanessa s’interroge. Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce qu’aimer ? Et si, telle Ḗos, elle avait cru que l’amour se conjugue essentiellement avec sexe… D’autres questions surgissent chez cette femme sexagénaire : quand son mari ne peut plus la satisfaire sexuellement, quelle nouvelle forme de complicité physique et de connivence affective peut trouver une femme ? dans le cycle de la naissance et de la mort, lorsque les parents disparaissent et que l’on devient grand-mère, quelle place lui reste-t-il ? Au fil des pages, on devine, on perçoit qu’une bonne partie de l’histoire de Vanessa Wonderman est directement inspirée par la vie d’Erica Jong. En une longue méditation rythmée en quatre saisons (début à l’automne avec des mots de Mae West : « En général j’évite la tentation, sauf si je ne peux pas y résister »,  fin en été en découvrant Bollywood à Goa), Erica Jong reste fidèle à sa réputation de « libre penseuse »  en bousculant les idées reçues sur les femmes d’aujourd’hui. « Nous n’avons fait, à ce jour, qu’un tiers de la révolution féministe, assure-t-elle. L’âge est le dernier tabou. Et pourtant, la vie ne fait que commencer… » Comme Vanessa Wonderman, Erica Jong a encore et toujours deux moteurs de vie : l’honnêteté et l’humour. Pour notre plus grand plaisir, pour notre plus grande joie !

Le Complexe d’Ḗos
Auteur : Erica Jong
Editions : Robert Laffont
Parution : 2 février 2017
Prix : 21 euros

A lire aussi:

Danièle Sastre : C’est quoi l’Amour après…soixante ans ?

powered by social2s
Copyright © 2015 LAGRANDEPARADE – All rights reserved