Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ «Je suis une vieille habituée de la pluie et de la neige, j’ai quatre-vingt- dix ans. Pluie et neige m’ont vue vieillir, moi aussi je les ai vues vieillir. » Par la voix de cette vieille femme, Chi Zijian raconte le crépuscule d’un peuple nomade, éleveur de rennes, dont le territoire se situe au Nord-Est de la Chine et en Russie, dans ce qui s’appelait autrefois la Mandchourie.

[bt_quote style="default" width="0"]Je ne suis pas une bonne conteuse, mais en cet instant, écoutant le murmure de la pluie et regardant les flammes danser, je voudrais avoir quelqu’un à qui parler. [/bt_quote]

Le campement s’est désertifié, les plus jeunes et les fatalistes ont quitté les pâturages et les plateaux pour une mirifique sédentarisation plus ou moins forcée, contrainte bureaucratique d’un état totalitaire. Cette vieille femme sans nom narre la vie dure, rugueuse de son peuple, les forêts, les montagnes à la fois inhospitalières et protectrices, la nature généreuse et nourricière, l’harmonie entre les hommes et l’environnement que perpétuent les rites chamaniques. Mais ce peuple pastoral oublié, minoritaire, sans intérêts pour un état puissant et avide de développement économique va être ingéré, digéré dans une révolution culturelle et une course au profit.

[bt_quote style="default" width="0"]A cause de l’abattage excessif, les arbres se sont raréfiés ces dernières années et le gibier aussi, le vent souffle de plus en plus fort. Année après année, il y a de moins en moins de lichen et de mousse pour nos rennes, ce qui nous oblige à migrer fréquemment avec nos bêtes. [/bt_quote]

Ce magnifique récit est construit comme une journée, métaphore de l’existence : matin, midi, crépuscule et nuit….l’enfance, l’âge adulte, la vieillesse et la mort. Les paroles de cette vieille femme s’incrustent dans notre esprit, nous hantent en quelque sorte, et devient familière…

[bt_quote style="default" width="0"]Cela fait maintenant un long jour que je vous conte mon histoire et je suis fatiguée. Je ne vous ai pas dit mon nom, car je ne veux pas laisser le souvenir de mon nom derrière moi. [/bt_quote]

Un témoignage remarquable, émouvant et si réaliste.

Le dernier quartier de lune
Auteure : CHI Zijian
Traduction : traduit du chinois par Yvonne André et Stéphane Lévêque
Editions : Philippe Picquier
Parution: 1 septembre 2016
Prix: 22€

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