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Ultima : L.S. Hilton en noir et rose

  • Écrit par : Serge Bressan

UltimaPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / On ouvre, c’est le prologue. D’emblée, il fait chaud. « On avait marché dans la ville main dans la main. Londres semblait neuve. Une soirée d’une rare douceur… » Quelques lignes plus loin : « Plus tard, dans notre chambre, j’ai senti sur sa bouche une trace de mon odeur quand il m’a embrassée (…). J’ai chevauché son visage, et senti les lèvres de mon sexe enlacer sa langue. Lentement, je me suis cabrée vers l’arrière… » L’homme dit : « Ti amo, Judith. Je t’aime », elle répond : « Prouve-le moi », il demande : « Comment ? » Ils font l’amour, il glisse : « Je peux te poser une question ? », elle répond : « Tout ce que tu veux, mon amour », il pose la question : « Quand est-ce que tu prévois de me tuer, au juste ? » Début donc un peu chaud d’« Ultima », le nouveau roman de la Britannique L.S. Hilton, 43 ans, journaliste et historienne de l’art, qui boucle là, après « Maestra » et « Domina », sa trilogie de l’art et du sexe avec Venise pour décor…

Pour cette fin de série, on retrouve Elizabeth Teerlinc. Son job ? Marchande d’art. Sa réputation ? Femme fatale. Sa caractéristique ? Elle n’a pas son pareil pour reconnaître les faux tableaux- normal, nous dira-t-on, elle-même, cette Elizabeth Teerlinc, n’est rien d’autre qu’un faux, une création, une imitation, une invention… Sa véritable identité, Judith Rashleigh, voilà bien longtemps qu’on n’y fait plus la moindre référence- il y a eu, au fil des années passées, tant de mensonges, tant d’hommes qui ont cru qu’ils n’auraient pas à forcer leur « talent » pour l’anéantir… N’empêche ! dans cet « Ultima »- troisième et dernier volet d’une saga dont les deux premiers volumes ont été traduits dans plus de quarante pays et dont le premier (« Maestra ») est en cours d’adaptation pour une série télé, cette fois Judith alias Elizabeth (ou le contraire, on ne sait plus vraiment) risque de plonger. D’être démasquée. Elle va devoir se dépêtrer d’un piège qui va la coincer entre un chef de la mafia serbe et un inspecteur de police italien ripoux. Elle doit contrefaire un tableau célébrissime, un faux Gauguin et le vendre la bagatelle de 150 millions de dollars (environ 130 millions d’euros) à une société de vente aux enchères pour laquelle elle a bossé comme assistante dans le passé- dans « Maestra », le premier volet de la série qui à l’époque était présenté par l’éditeur français comme « le thriller le plus scandaleusement original que vous lirez cette année », et l’on notera que personne dans l’entreprise ne la reconnaît, pourtant la jeune femme n’a pas fait appel à la chirurgie esthétique, tout juste a-t-elle changé de coiffure et de style vestimentaire !
Qu’importe, la jeune femme est toute excitée : pensez donc, elle a la possibilité enfin d’embrouiller son ancien chef, de gruger le monde de l’art tout en se laissant aller à son addiction au sexe « extrême ». Oui, comme les deux premiers volumes de la série, « Ultima » est un roman classé par les éditeurs dans le genre « mummy porn ». Le porno pour maman. Un genre où l’on a mis également « Cinquante degrés de Grey » d’une autre Britannique, E.L. James. Alors, bien sûr, Judith Rashleigh aka Elizabeth Teerlinc est une de ces beautés vénéneuses tout droit sorties des films noirs hollywoodiens. Mais franchement, après avoir refermé « Ultima », on peut se demander si la « mummy porn », cette littérature en noir et rose fera encore illusion- même auprès des « femmes responsables des achats », celles qu’hier qu’on avait nommées « ménagères de moins de 50 ans »…

Ultima
Auteur : L.S. Hilton
Editions : La Bête Noire / Robert Laffont
Parution : 31 mai 2018
Prix : 18,90 €


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