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La Mariée de Ceylan : une histoire captivante au coeur du Sri Lanka

  • Écrit par : Delphine Caudal

CeylanPar Delphine Caudal - Lagrandeparade.fr/ La Mariée de Ceylan, c’est une envoûtante balade dans une plantation du Sri Lanka, anciennement appelée « Ceylan », sous l’époque coloniale, au début du 20ème siècle. 

Dans un style léger et poétique, Dinah Jefferies emporte ses lecteurs un siècle en arrière dans cette petite pépite de l’Océan Indien. La nature paradisiaque et luxuriante du pays insulaire, la vie dans la plantation sont décrites au plus juste, d’une façon très authentique, respectant les rituels des populations natives, celui du coucher, du ménage… On dévore un livre séduisant et instructif, qui s’accompagnerait bien d’une bonne tasse de thé…

L’auteur, Dinah Jefferies, confie avoir eu l’idée d’écrire ce roman, en écoutant sa belle-mère évoquer quelques souvenirs de son enfance en Inde et en Birmanie dans les années 1920. Elle s’est ainsi intéressée aux préjugés raciaux de son époque, et s’est inspirée de l’histoire vraie de Sandra Laing, née de parents Afrikaners blancs en Afrique du Sud dans les années 1950. On apprécie particulièrement la recherche de l’auteure, rendant son récit réaliste, culturellement enrichissant.

En résumé ? 1925, à peine âgée de 19 ans, la jolie Gwendolyn se marie à Laurence Hooper, un riche planteur de thé. Elle ne tarde pas à le rejoindre dans sa propriété à Ceylan, à l’époque colonie britannique très prisée. La jeune anglaise est particulièrement enthousiaste à l’idée de commencer une nouvelle vie avec son cher et tendre, attentionné, protecteur, dont elle est éperdument amoureuse.

« Un homme large d’épaules de taille moyenne, avec un nez épaté et des yeux mordorés, la contemplait. Elle s’immobilisa en remarquant ses sourcils noirs, ses cheveux bouclés, et sa peau brune et luisante. Elle le dévisagea, légèrement déconcertée, jusqu’à ce qu’il lui fasse un grand sourire.
- Vous avez de la chance. En mai, la mer devrait être bien plus agitée. Un planteur de thé, je suppose, ajouta-t-il. Votre mari.
- Comment avez-vous remarqué ? Il écarta les bras.
- Question de style. »

Mais la jeune femme déchante tristement lorsque Laurence, son époux, se présente à elle, plus distant, plus sombre qu’elle ne l’avait connu en Angleterre. Elle tombe néanmoins enceinte de jumeaux, et accueille la nouvelle avec effroi, donnant naissance à un garçon blanc, et à une fille à la peau noire.
Une descente aux enfers commence pour elle : a-t-elle pu tromper son mari dans un état de faiblesse et d’ébriété ? Est-ce possible de donner naissance à deux enfants de père différents ?

« Le bébé ouvrit les yeux. Gwen retient son souffle tout en l’examinant de la tête au pied : ses petits doigts, son ventre rond, ses yeux d’un noir profond, sa peau noire luisante comme si elle avait été cirée. En état de choc, la jeune femme regarda Naveena.
- Cette petite est parfaite. L’ayah hocha la tête. Parfaite.
- Mais elle n’est pas blanche.
- Non, madame. Gwen dévisagea Naveena.
- A quoi jouez-vous ? Où est mon enfant ?
- C’est votre fille. »

Face à un terrible choix, entourée d’un mari peu communicatif, Gwen perd pied et prend une décision déchirante. Mais ce cher mari, Laurence, a lui aussi ses propres secrets. Déjà marié, sa première épouse a trouvé la mort avec son enfant dans des conditions dramatiques douze ans plus tôt. Le mystère entourant la première vie de Laurence s’intensifie au fil des pages, tenant en haleine le lecteur dont la curiosité est intelligemment piquée.

Finalement, c’est une plume fluide et poétique qui a donné forme à ce récit mi-fiction, mi-historique. La qualité des descriptions, nombreuses et réalistes est louable. L’intrigue est rondement bien menée, les émotions palpables, bien dosées, rythmées, avec un dénouement poignant. Somme toute, une histoire captivante et une véritable réussite littéraire !

[bt_quote style="default" width="0"]Gwen essuya ses larmes et sourit en regardant un groupe d’oiseaux prendre son envol sur le lac. La vie continue (…) Dieu sait comment, mais elle continue, d’une façon ou d’une autre. Et elle espéra qu’un jour, peut-être, si elle avait de la chance, elle parviendrait à se pardonner.[/bt_quote]

La mariée de Ceylan

Auteure : Dinah Jefferies
Traduit de l’anglais par (Grande Bretagne) par Jean-Yves Cotté.
Editions Milady
Genre : Fiction littéraire

Date de publication : 14 février 2018


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