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Embruns : quand des bobos sèment la terreur en Bretagne...

EmbrunsPar Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ Dans la famille "psychopathe propre sur lui", il y a d'abord les parents, aux diminutifs branchés pour inspirer confiance et tromper la proie, "Béa" et "Chris". Lui, le torride séducteur malgré lui des péages d'autoroute, elle, la quadra tonique et bronzée. Le genre de couple bobo sans surprise, convaincu que sa complicité lisse et satisfaite fait baver l'entourage, qui a élevé sa progéniture à l'épeautre sans gluten et ne jure que par les îles bretonnes dans le genre exotisme fou quand il s'agit de partir en congé.

Viennent ensuite les enfants, biologiquement conçus dans les normes du genre: deux, le mâle et la femelle du duo académique pour finir de planter le décor familial modèle, et répondant aux incontournables prénoms revenus à la mode, Marion et Bastien (que l'on prononce eux en entier, c'est dire le fossé des générations). En un mot, les parents vieux beaux et leurs rejetons qu'on voudrait ne surtout pas avoir ou qu'on n'a déjà que trop à la maison, stéréotypes de l'asociale punk revisitée et du frèrot nonchalant au flegme paternaliste. Voilà brossé le portrait des 4 anti-héros de ce roman qui n'aura rien, mais rien, de la fraîcheur d'un dimanche en charmante compagnie dans la petite maison de la prairie. En effet ces gens-là sont partis coloniser le temps du pont du 14 juillet une île peinarde qui ne demandait qu'à continuer à vivre sans connaître leur existence.Trop tard: la famille parfaite y a injecté rien moins que les germes de la... terreur. Il va falloir se liguer contre le virus insidieusement entré sans crier gare, et bouter hors de Bretagne l'indésirable envahisseur. Les hostilités commencent avec l'enlèvement de la fille et continueront crescendo pour régler leurs comptes à tous les membres de la famille. Le pire, c'est qu'on n'arrive même pas à les plaindre du sort qui leur est réservé, tant leur implacable descente aux enfers prend des allures de froide nécessité, comme il arrive à ces plantes intrusives que l'humus rejette par un mécanisme naturel, les forêts alentour se relayant la salutaire info jusqu'à extermination silencieuse de l'agent pathogène. Pour savoir pourquoi de placides Bretons vont s'en prendre à une si gentille famille en vacances, lire le livre: c'est léger, quoique moins digeste qu'une galette sarassin, et ça se parcourt plutôt vite dans le ferry ou le train des vacances. Plus vite que les maquis sombres où des insulaires d'apparence dégénérée s'enfoncent, couteaux entre les dents, pour officier sans foi ni loi, et moins vite qu'un guide vers des destinations autrement vivifiantes et mieux fréquentées, toutes plus nombreuses les unes que les autres pour le pont du 14 juillet, si on veut bien se donner la peine de fouiller dans les rayons de la bonne littérature française à ce sujet.

Embruns
Auteur: Louise Mey
Editeur: Fleuves
Parution: 11 mai 2017
Prix: 18,90 euros

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