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Nomadland : Jessica Bruder chez les « sans adresse fixe »

  • Écrit par : Serge Bressan

BruderPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Journaliste américaine, 40 ans, Jessica Bruder confie : « Les sous-cultures sont au cœur de mon travail journalistique ». Ainsi, elle a proposé au mensuel « Harper’s Magazine » un reportage sur les « nouveaux nomades »- la direction accepte le sujet et lui finance deux jours et une nuit d’hôtel. L’article parait, un éditeur la contacte et lui propose de développer, sur la longueur d’un livre, le sujet. Elle hésite, accepte finalement, part sur les routes pendant trois ans. Elle raconte, c’est « Nomadland »- une plongée dans le monde des « travailleurs campeurs ». Un livre-reportage au long cours, avec des victimes collatérales de la crise économique de 2008, avec ces hommes et ces femmes grisonnants que la société US a mis à la marge. Avec « Nomadland », on est bien loin des hobos, on est là en compagnie, au contact de personnes qui tentent de survivre. Qui sont devenues des « sans adresse fixe ». Qui, ne pouvant se loger, ont acquis un van, une min-caravane dans lesquelles ils (sur)vivent. Parmi les personnages approchés par Jessica Bruder, il y a Linda May- une grand-mère de 64 ans qui, avec son chien Coco, sillonne le pays au volant d’une Jeep tractant une mini-caravane des années 1970 qu’elle a surnommée « Squeeze Inn » (en VF : l’auberge serrée). Elle a élevé ses deux enfants tout en bossant- quand arrive l’heure de la retraite, elle perçoit une pension dérisoire. Elle ne peut plus se loger et doit survivre de petits boulots. Elle rejoint alors les « nouveaux nomades »… Evoquant son livre-témoignage, Jessica Bruder précise : « Ils ne sont ni des victimes impuissantes ni des aventuriers insouciants : au pays du rêve américain, il est plus facile d’assumer un mode de vie minimaliste et décroissant que d’avouer sa pauvreté… »

Nomadland
Auteurs : Jessica Bruder
Traduit par Nathalie Peronny
Editions : Globe
Parution : 6 février 2019
Prix : 22 €

[bt_quote style="default" width="0"](…) Linda Chesser, une ancienne conseillère académique de la Washington State University. Elle étendait pour qu’ils sèchent des tee-shirts près de la laverie du camping, vers la modeste bibliothèque où des fleurs sauvages poussent dans les trous d’un puzzle inachevé de mille pièces. Agée de 68 ans, elle remerciait chaque jour l’inventeur de l’ibuprofène : « J’en prends quatre avant de partir au boulot et quatre en rentrant le soir ». Mais pour certains, l’ibuprofène ne suffit pas. Karren Chamberlen, ancienne conductrice de bus âgée de 68 ans et affublée de deux prothèses de hanche, m’a raconté qu’elle avait dû quitter CamperForce au bout de cinq semaines car ses genoux ne supportaient pas les heures de marche sur un sol en ciment…[/bt_quote]


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