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« Alita : Battle Angel » de Robert Rodriguez : de la très bonne S.-F

  • Écrit par : Serge Bressan

AlitaPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / On a peine à y croire mais c’est la réalité : le réalisateur James Cameron a acheté, voilà vingt ans, les droits d’un manga d’une des stars du genre, Yukito Kishoro. Et l’Américain s’était promis d’en assurer le passage sur grand écran. Mais pris par son Avatar de folie, il a déclaré forfait- et refilé l’affaire à son ami, le réalisateur texan Robert Rodriguez connu pour, entre autres, « Desperado » (1995) « Une nuit en enfer » (1996), la saga très lucrative Spy Kids (2001) et son adaptation de Sin City (2005). Dans un entretien récent, évoquant « Alita : Battle Angel », Rodriguez a lancé : « ‘’Alita : Battle Angel’’ est un film de James Cameron qu’il n’a simplement pas eu le temps de réaliser ! » On précise immédiatement que ce film a bénéficié d’un budget de 200 millions de dollars (environ 160 millions d’euros), ce qui en fait un des films de science-fiction les plus chers de l’histoire du cinéma…

A l’origine, donc, il y a Gunnm, la série de mangas de Yukito Kishoro. Le personnage féminin, Gally, est devenu Alita. Le scénario (co-écrit par Robert Rodriguez, James Cameron et Laeta Kalogridis) est resté au plus près des aventures imaginées par le mangaka japonais. Ainsi, Alita se réveille dans une décharge. Elle a perdu tout souvenir. Dans un futur qu’elle ne reconnaît pas, elle est recueillie par Ido, un médecin qui perçoit immédiatement que, derrière ce corps de cyborg abandonné, sommeille une jeune femme au passé extraordinaire. Lorsque les forces dangereuses et corrompues qui tiennent la ville d’Iron City se lancent à sa poursuite, Alita découvre la clé de son passé. Oui, elle est dotée de dons exceptionnels pour le combat- des dons que les détenteurs du pouvoir veulent accaparer. Si elle leur échappe, elle sauvera ses amis, sa famille et le monde qu’à nouveau, elle aime.
James Cameron n’a pas manqué de répéter que, ne pouvant pas réaliser lui-même cet Alita : Battle Angel, il a immédiatement songé à Robert Rodriguez. A qui, avec le producteur Jon Landau, il a montré des vidéos et storyboards témoignant du potentiel tant visuel que scénaristique de l’histoire. Rodriguez a été conquis et a seulement demandé de pouvoir réduire le scénario originel. « J'ai enlevé certaines scènes et en ai réécrites d'autres, mais dans le « style Cameron » le plus pur », confie le réalisateur de Desperado qui complète : « J’ai été impressionné par les prémices visuelles qu'on m’a montrées, mais il y avait aussi l'aspect humain de l'histoire, notamment Alita, cette cyborg amnésique qui m’a donné envie de me lancer dans cette affaire. Comment James avait une grande histoire de personnages. C'est ce qu'il fait de mieux : du grand spectacle, de l'action, des choses que vous n'avez jamais vues auparavant… »  
Visuellement et formellement, le film est très réussi- par la grâce de la collaboration entre les équipes de Cameron (Lightstorm) et de Rodriguez (Troublemaker Studios). En effet, pendant les pauses du tournage d’« Avatar », des membres de Lightstorm ont travaillé sur les effets spéciaux d’ « Alita… ». Autres points forts du film de Robert Rodriguez : en plus du spectacle et de l’action, une belle histoire d’amour entre un père et une fille ; et aussi, un casting de haut vol emmené par Rosa Salazar, 33 ans, étrange et surréaliste en cyborg, et le toujours impeccable Christoph Waltz, habitué dans les rôles d’hyper-méchant et là magnifique en chirurgien de cyborgs le jour et chasseur de robots fous la nuit…

Alita : Battle Angel
13 février 2019
Durée : 2h02 min
Réalisateur : Robert Rodriguez
Scénario : James Cameron, Robert Rodriguez, Laeta Kalogridis
Avec Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Mahershala Ali, Ed Skrein,…

Un manga culte et sombre

Il est un des mangaka les plus réputés, et pas seulement au Japon. A 51 ans, né à Chiba- une ville portuaire, et grandi à Tokyo, Yukito Kishiro est le créateur de « Gunnm », le manga qui a inspiré grandement « Alita : Battle Angel », le nouveau film de Robert Rodriguez. Gunnm, ce sont pas moins de neuf tomes, environ 220 pages chacun, publiés entre 1990 et 1995 dans le magazine « Business Jump ». La première version française est parue entre 1995 et 1998 chez Glénat. Avec « Gunnm », Kishiro a signé sa première série- il explique l’avoir créée pour aborder « le thème de l'introspection d'un cyborg et le concept de survie dans un monde apocalyptique » et développer deux thèmes récurrents dans ses mangas : le « mode obscur » qui « fait allusion aux aspects sombres de la vie », et le « mode glorieux » qui « fait allusion à la bonté de la nature humaine ». Et d’ajouter : « Cette série est unique, car elle oppose deux aspects totalement différents de mon univers de fiction avec des personnages en quête d'humanité dans un monde sombre ». A sa parution au Japon, « Gunnm » a « choqué les esprits » avant de devenir un best-seller et d’être un des premiers mangas à connaître le succès en Occident. Ses défenseurs vantent sa valeur philosophique tandis que ses détracteurs pointent, alors, la violence graphique…
Les spécialistes ès manga sont catégoriques : devenu culte, « Gunnm », qu’on peut rattacher au genre « cyberpunk », c’est un concentré de violence extrême et d’une vision très sombre de l’humanité. Ils ajoutent que, chez Kishiro, il y a aussi et quand même des personnages qui éprouvent des sentiments profonds- ce qui constitue un contraste important avec l’environnement dans lequel ils évoluent. Au fil des neuf tomes, Kishiro présente un monde post-apocalyptique au 26ème siècle. Un monde tout simple, en deux parties. D’un côté, il y a la décharge, une ville crasseuse et ultra-violente peuplée majoritairement de cyborgs dotés d'un cerveau humain- ils sont mendiants, criminels, chasseurs de primes,… De l'autre, il y a Zalem, c’est une cité flottant à plusieurs milliers de mètres au-dessus de la décharge, ses habitants sont des humains qui évoluent dans un monde idyllique. On l’a compris, avec Yukito Kishiro, c’est très simple : l’univers de « Gunnm », c’est deux mondes totalement opposés et parfaitement délimités par des frontières infranchissables. 
Pour les neuf tomes du manga, l’essentiel de l’action a pour décor la décharge. Là, y règne la loi du plus fort- on n’y a pas d’état d’âme. C’est là aussi que Daisuke Ido, docteur en cybernétique et qui possède un atelier de mécanique dans le secteur Est de Kuzutetsu, a découvert la carcasse d'une jeune cyborg abandonnée. Il la répare, la ramène à la vie, la baptise Gally (qui devient Alita dans le film de Robert Rodriguez). Elle n’a pas le moindre souvenir de sa vie précédente, n’empêche ! elle est dotée de qualités impressionnantes pour le combat. Elle va essayer de résoudre le mystère de ses origines et appréhender au mieux ce monde post-apocalyptique dans lequel elle évolue. Tout ça pour protéger ceux qu'elle aime de terrifiants ennemis lancés à leurs trousses…

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