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Voyez comme on danse : invitation chez les névrosés…

dansePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Michel Blanc n’apprécie rien plus que prendre son temps. A preuve : à 66 ans, l’acteur français, éternel Jean-Claude Dusse (son personnage dans la saga « Les Bronzés… »), présente « Voyez comme on danse ». Tout simplement, en tant que réalisateur, son cinquième film en trente-quatre ans- après « Marche à l’ombre » (1984), « Grosse fatigue » (1994), « Mauvaise passe » (1999) et « Embrassez qui vous voudrez » (2002). Récemment interrogé sur cette production que certains considèrent lente, il a alors répondu : « Ce qui me nourrit pour écrire ? Mon producteur… quand il accepte de me payer ! »

En 2002, il avait adapté « Vacances anglaises », un roman de Joseph Connolly- ça avait donné un beau film choral : « Embrassez qui vous voudrez ». Cette fois avec « Voyez comme on danse », le réalisateur a repris le même principe- avec un casting XXL où l’on retrouve, entre autres, Karine Viard, Carole Bouquet, Charlotte Rampling et Jacques Dutronc. Lui qui ne connait rien de meilleur pour s’extraire du quotidien qu’une sonate de Beethoven ou un concerto de Purcell, Blanc est parti de personnages existants et leur a imaginé une suite, tout en amenant de nouveaux personnages pour de nouveaux acteurs (dont Jean-Paul Rouve). « Au fil du temps, l’idée de retrouver ces personnages quinze ans plus tard a fait son chemin : durant tout ce temps, ils avaient forcément un peu changé, explique le réalisateur. L’exercice de style consistant à partir de ces caractères à leur inventer de toutes pièces une histoire m’excitait : c’était comme un puzzle blanc, un peu vertigineux ». Un bon moyen pour nous donner des nouvelles de Bertrand, Élizabeth, Véro et les autres. Il y a de tout dans ce film, à l’image de la vie : des séparations, de nouvelles unions, certain(e)s ont disparu (ou changé) alors que d’autres se glissent dans la danse. Oui, tous semblent dire au spectateur : « Voyez comme on danse » !
Ça virevolte avec Michel Blanc qui a écrit, pour ce film, pas moins de dix-huit versions du scénario, et son chœur de comédiens. Ainsi, Julien sent comme une présence hostile derrière lui en permanence. Alex, son fils apprend qu’Eva, lycéenne de 17 ans a oublié de le prévenir qu’il allait être père. La mère d’Eva, Véro, dans une sale passe depuis sa naissance pense qu’elle va être obligée d’arracher le sac des vieilles pour nourrir le futur enfant. Grande bourgeoise issue d’une famille richissime, Elizabeth n’a jamais travaillé et vit dans le luxe- un jour, sa maison est dévastée lors d’une perquisition alors que son mari, Bertrand, a disparu- il est en prison après une énorme fraude fiscale. Lucie exaspérée par les délires paranos de Julien, son mari, est au bord du burn out conjugal. Serena, la maîtresse de Julien sent qu’il lui ment. Julien ne sent pas que Serena lui ment aussi. Loïc, fils ainé de Véro, seul élément stable de la bande ne l’est pas tant que ça. On y ajoute un absent toujours très présent… Les uns (hommes) mentent, les autres (femmes) sanctionnent ! Hommes lâches, peureux et inconséquents, femmes courage et fortes…
Pour ce film, Michel Blanc s’est basé sur ses souvenirs d’« Embrassez qui vous voudrez » et a demandé aux acteurs d’oublier qu’ils allaient tourner une suite. Et aussi de jouer leur personnage non pas dans la nuance mais avec et surtout de l’énergie. Par contre, il a tout réglé, dans le moindre détail, pour la partie technique- il confie : « Pour moi, le cadrage, le choix de l’optique et les mouvements font intimement partie de la narration et je n’aimerais pas me délester de ces choix- à l’écriture, mes scénarios sont d’ailleurs toujours remplis d’indications techniques ». Film choral, « Voyez comme on danse » est déconstruit. Pas une intrigue, mais plutôt l’enchevêtrement de multiples intrigues. Ça se croise, se superpose, s’oppose, se mêle, se concurrence. Conséquence : ça pétille à tout moment, parce que Michel Blanc a mis en images une comédie- de ces pièces qui ont pour objectif premier, avec le comique de situation, de faire passer un bon moment au spectateur. C’est plutôt réussi avec un réalisateur qui s’en donne à cœur joie, et des acteurs (dont un éblouissant Jacques Dutronc, rare sur grand écran) qui servent parfaitement le texte (très souvent, drôle) et leurs personnages, tous gentiment névrosés. Un vaudeville enlevé pour un retour enthousiasmant !

Voyez comme on danse
Date de sortie : 10 octobre 2018
Durée : 1h28min
Réalisateur : Michel Blanc
Scénario : Michel Blanc
Avec Karine Viard, Carole Bouquet, Charlotte Rampling, Jeanne Guittet, Sara Martins, Jean-Paul Rouve, Jacques Dutronc, William Lebghil, Guillaume Labbé,…

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