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La seule histoire : Julian Barnes, amour et mélancolie

BarnesPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Depuis toujours, il cultive la discrétion. Donne peu d’interviews- et encore moins depuis 2008, année de la mort de son épouse, l’agente littéraire Pat Kavanagh. A 72 ans, Julian Barnes déroule des romans, des nouvelles ou des essais avec une ponctualité élégante. Ainsi, on le retrouve en cet été 2018 avec un nouveau roman délicieux, joliment titré « La seule histoire ». Ainsi, s’inspirant d’une de ses influences majeures- le romancier Gustave Flaubert, il nous livre là son « éducation sentimentale ». Le décor ? Une petite ville où les distractions sont bien peu nombreuses. Là, on y vit dans l’entre-soi, on fait en sorte qu’il n’y ait pas d’éclats de scandale… Là, il y a Paul Roberts, jeune homme de 19 ans, il va prochainement partir à l’université et, cet été-là, il s’ennuie. Il joue au tennis, c’est jour de tournoi, il est allé au club dans sa Morris Minor décapotable vert kaki, il a sa raquette Dunlop Maxply. Double mixte, on lui désigne pour partenaire Susan Macleod, elle a 45 ans, « rieuse irrévérencieuse », mariée depuis vingt-cinq ans, deux filles… Le mari, c’est le genre adipeux, ne prisant guère ce sport qu’est le tennis, ne jurant que par le golf. Les deux filles de Susan sont plus âgées que Paul… 

Susan est belle, oui mais aussi charmante et chaleureuse. Il y a les matchs d’abord, il y aura plus que les matchs ensuite. Paul et Susan vont se rapprocher. Certains parleraient alors de passion. Et si ce n’était tout simplement que l’amour, le vrai et bel amour ? L’amour total, absolu. On lit : « Un premier amour détermine une vie pour toujours : c’est ce que j’ai découvert au fil des ans. Il n’occupe pas forcément un rang supérieur à celui des amours ultérieures, mais elles seront toujours affectées par son existence. Il peut servir de modèle, ou de contre-exemple. Il peut éclipser les amours ultérieures ; d’un autre côté, il peut les rendre plus faciles, meilleures. Mais parfois aussi, un premier amour cautérise le cœur, et tout ce qu’on pourra trouver ensuite, c’est une large cicatrice ».
On rappelle que « La seule histoire » a pour décor une petite ville où la petite bourgeoisie locale est impitoyable. Donc, Paul et Susan vont vivre leur histoire d’abord en cachette. Et puis, brute épaisse, le mari de Susan la frappe, lui casse la mâchoire. Paul et Susan s’enfuient, direction Londres. Elle a un peu, il doit poursuivre ses études de droit. Ils envisagent la vie heureuse- enfin, ce n’est pas aussi simple… Le jeune homme va découvrir la faille cachée de Susan- elle est alcoolique. Il s’interroge : l’âge adulte, est-ce fait vraiment pour lui ? Ne s’interroge plus, décide de prendre soin de Susan au long des années, même si à l’horizon pourraient se profiler des tempêtes.
Aimer sans compter… Parce que c’est « la seule histoire », même s’il ne pourra peut-être pas vivre sa jeunesse… Aimer sans compter, disait-il, mais un jour, il part, dix ans ont passé, il envisage une autre vie. Et si, en fait, on ne vit qu’une seule histoire d’amour dans sa vie ? Et si, même si elle finit mal, elle demeurera à jamais la plus belle ? Avec « La seule histoire », Julian Barnes a écrit un roman magnifique, de beauté et de grâce, avec la dose nécessaire de mélancolie qui magnifie tout amour.

La seule histoire
Auteur : Julian Barnes
Editions : Mercure de France
Parution : 6 septembre 2018
Prix : 22,80 €

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