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Deux sur deux : Andrea De Carlo, le roman d’une amitié extra-ordinaire

  • Écrit par : Serge Bressan

Deux sur deux Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Il a été découvert en 1981 par le grand Italo Calvino (1923- 1985) qui a préfacé son premier roman, « Chantilly-Express ». N’empêche ! Andrea De Carlo confie que « si à l’école, Calvino était le seul écrivain que j’aimais, le premier roman qui m’a donné l’idée même du roman et de l’aventure, c’est Alexandre Dumas avec « Les Trois Mousquetaires ».   Flaubert m’a également beaucoup marqué : j’ai relu récemment « L’Éducation sentimentale » en me demandant comment il était possible d’entraîner le talent plus loin… ce livre est incroyable ». Tenu en Italie pour un auteur « classique contemporain » avec une vingtaine de romans traduits en vingt-six langues, l’écrivain transalpin arrive enfin dans les librairies francophones avec « Deux sur deux », son plus important best-seller paru en VO en… 1989 ! Près de trente ans pour enfin lire ce texte en français…

« L’amitié, c’est le grand thème de mon roman, explique le romancier, né voilà 65 ans à Milan. Ce n’est pas une amitié normale, c’est une amitié extra-ordinaire. C’est une rencontre entre deux jeunes hommes, deux adolescents qui trouvent en l’autre ce qu’ils n’ont pas ». Il y a Guido Laremi, il y a Mario- le narrateur, ils se rencontrent au collège. Le premier rayonne, les jeunes filles ne voient que lui qui est enthousiaste de la vie mais inapte au bonheur ; le second se cherche, se glisse dans l’ombre de son ami. L’un et l’autre vont se nourrir de leurs différences- et ils ont un but identique : changer le monde. Il y a aussi, dans ce Deux sur deux, l’époque : 1968 et ce que l’on appellera plus tard « les événements ». En Italie comme en France et d’autres pays à travers le monde, le monde bouge, les étudiants grondent, la société vacille… Les mouvements étudiants, qui seront ensuite suivis par les ouvriers, promettent un monde nouveau, où il sera possible de se réinventer, de se glisser sur une autre voie que celle tracée par les parents et/ou les institutions.
Confidences d’un auteur qui, dans le passé, avait ébloui avec « Macno » (1984), « L'apprenti séducteur » (1994), « Amore » (1996) ou encore « L’instant d’après » (2001) : « Chaque vie est conditionnée par des virages. On a un nombre infini de possibilités, et pourtant on fait des choix, comme si on suivait des rails et cela nous limite beaucoup. La possibilité de changer est un thème récurrent dans mes romans. Dans le cas de Mario et Guido, l’un est timoré et évite les virages, l’autre est audacieux et les prend avidement. Le roman ne parle pas seulement des virages que l’on prend, mais aussi de ceux qu’on aurait pu prendre ». « Deux sur deux » court sur plus de vingt années, de l’adolescence à l’âge d’homme. Après les luttes étudiantes, les routes de Mario et de Guido vont se séparer, l’un et l’autre en quête d’un équilibre qui se révélera inaccessible, mais les deux ne se perdront jamais de vue. De toutes les pages de l’étincelant roman d’Andrea De Carlo, transpirent les années d’apprentissage, l’engagement, le maoïsme et l’anarchisme, des vacances en Grèce… « Deux sur deux », au delà de la question existentielle sur la si difficile possibilité à rester en adéquation avec ses aspirations de jeunesse, c’est aussi une belle leçon d’écriture. Tout s’enchaîne, se mêle, se démêle avec une fluidité, une limpidité rares… Un grand bonheur de lecture.

Deux sur deux
Auteur : Andrea De Carlo
Editions : HC Editions
Parution : 7 juin 2018
Prix : 22 €


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